Le Zimbabwe s’enfonce dans l’incertitude à mesure que le
travail de rédaction d’une nouvelle Constitution prend du retard, faute
d’accord notamment sur les droits des homosexuels ou le pouvoir de
l’armée.
Cette semaine encore, des dirigeants des deux principaux
partis qui s’affrontent dans ce pays dirigé d’une poigne de fer depuis
1980 par le président Robert Mugabe, 88 ans, étaient réunis à Nyanga
(nord-est) pour tenter d’aplanir les différends.
« Certains points de désaccords sont sérieux, d’autres mineurs », a
exposé dans la presse locale Paul Mangwana, le président de la ZANU-PF,
le parti présidentiel.
Mais il a listé plus de 200 points encore à examiner.
L’adoption d’une nouvelle Constitution figure dans les accords passés
en 2008 entre M. Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai pour éviter une
guerre civile.
Se fondant sur ces accords, M. Tsvangirai, aujourd’hui Premier
ministre du fragile gouvernement d’union nationale, insiste pour que la
Constitution soit adoptée avant l’organisation de nouvelles élections.
Il insiste pour que les droits des homosexuels soient garantis, une
position qui n’a pas toujours été la sienne dans un pays où la tolérance
à l’homosexualité est présentée par le camp Mugabe comme une
inféodation aux valeurs occidentales.
M. Tsvangirai veut aussi des garanties contre l’ingérence politique
de l’armée, permettre la double nationalité et la dévolution de nouveaux
pouvoirs aux régions.
Cela n’avance cependant pas dans le bon sens, selon Jessie Majome,
une dirigeante du parti de M. Tsvangirai et vice-ministre de la Justice.
« En bref, ils (le camp Mugabe) veulent réécrire tout le projet de
Constitution et mettre de côté les avis exprimés lors de la consultation
populaire », dit-elle.
« Ils ne veulent plus d’une Constitution garantissant l’indépendance
du parquet. Ils ne veulent plus d’une Constitution disant que l’armée
doit s’abstenir de faire de la politique. Ils ne veulent plus de
pouvoirs dévolus (aux régions) », dit-elle.
Pour les observateurs, cette nouvelle réunion à huis-clos est peu susceptible de conduire le Zimbabwe hors de l’impasse.
Les disputes sur la future loi fondamentale, qui dure depuis 2009,
rend peu probable la tenue d’une élection présidentielle avant juin
2013, estime Dewa Mavhinga, un coordinateur de 300 groupes de la société
civile unis dans la Crisis Coalition Zimbabwe.
Paradoxalement, le camp Mugabe aurait intérêt à hâter le processus
s’il veut respecter ses engagements, car il a fait du vieux président sa
tête d’affiche pour la prochaine présidentielle, et n’a apparemment pas
de candidat naturel de rechange en cas de décès.
« Les disputes sur la nouvelle Constitution vont sûrement
s’intensifier », prédit l’agence d’analyse-risque londonnienne
Maplecroft. « Cela bloque le référendum et la probabilité d’aller
progressivement vers des réformes légales et en matière de sécurité ».
Il avait été convenu que la Constitution, une fois le texte établi,
soit traduite dans les principales langues du Zimbabwe, débattue lors
d’une conférence publique puis au Parlement et enfin approuvée par
référendum.
A ce stade personne ne se risque à prédire une date de référendum.
Ces tensions sur la Constitution s’ajoutent aux autres conflits et
aux démonstrations de violence politique qui continuent. En mai, le
président d’une section locale du MDC a été tué par des sympathisants du
chef de l’Etat, durant un meeting de son parti.
Le ministre des Finances Tendai Biti, proche de M. Tsvangirai, s’est
récemment alarmé du recrutement non budgété de 4.600 militaires et 1.200
policiers.
Les pays voisins, réunis dans la communauté d’Afrique australe
(SADC), s’inquiètent. Ils ont exigé début juin que les responsables
zimbabwéens trouvent des mécanismes et un calendrier pour conduire à
l’élection présidentielle.
L’Afrique du Sud, garante de l’accord passé entre MM. Mugabe et
Tsvangirai, dépêche régulièrement des médiateurs à Harare. Aucun
résultat immédiat n’est attendu.
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